
J’adore les bâtiments et les photographier. C’est ce que j’ai fait toute l’année passée. Aussi bien à l’extérieur, qu’à l’intérieur.
Des immeubles contemporains ou du passé. J’ai arpenté Brest de long en large, pour connaitre la ville de près. J’en avais d’ailleurs fait une expo « Brest graphique ». J’ai fait aussi beaucoup de photos d’immobilier. Je me suis appropriée la ville pour m’identifier à elle.
Et vous me direz, c’est quoi le rapport avec les femmes enceintes?
Et bien justement, aujourd’hui, je ne fais plus ce type de photos ou beaucoup moins en tout cas. Je suis spécialisée dans les photos de femmes enceintes et de femmes. Car j’aime l’humain avant tout et le contact. C’est ce qui m’apporte le plus. J’ai choisi de le mettre en valeur dans un cadre atypique ou résolument moderne, dans des endroits où l’on ne s’y attend pas mais où l’on passe tous les jours sans y prêter attention. Sans se dire que c’est beau. Cela me permet d’allier les deux, de voir la ville et la personne différemment. La ville et son architecture doit sublimer les femmes dans leur modernité et dans leur vie de tous les jours.
C’est à contre courant de ce qui se fait actuellement. C’est le style « princesse » que font beaucoup de photographes femmes.
Et c’est ce qui plait apparemment. Mais cela ne me correspond pas. Je ne vois pas les femmes comme des princesses.
Voilà, après avoir exploré différent types de photographies, j’ai trouvé mon style.
J’ai décidé de me servir du graphisme de la ville, de son urbanité et de son atmosphère pour mettre en valeur les femmes enceintes.
Je trouve que les femmes enceintes sont très photogéniques et juste belles avec leur gros « bidon ».
J’aime leurs contours, leurs formes, les vêtements « temporaires » et extensibles qu’elles doivent porter et trouver pour mettre en valeur leurs formes à cette période importante de leur vie. Elles peuvent enfin se permettre de montrer leurs corps. Si elles n’osaient pas avant. Je trouve qu’on devrait plus les mettre en valeur de manière générale, car il faut les bichonner. Et après lorsqu’elles ont accouché aussi. On pense d’abord au bébé parce qu’il est tout beau, tout neuf et tout mignon, alors qu’ on devrait aussi penser à la maman qui a une vie chamboulée, qui devient responsable d’un être en plus d’elle. Elle se met en retrait par rapport à ce bébé qui prend toute la place et qui monopolise tout son temps, son énergie, son budget. Il s’est presque substitué à elle. Ce n’est pas inné d’être enceinte et de supporter tous les bons et les mauvais côtés. On n’a beau nous en parler et nous conseiller, cela se vit tout simplement individuellement, s’expérimente. On ne sait jamais avant comment on va traverser ce moment de vie car chaque grossesse est unique. Même lorsqu’on en a 10. On peut la trouver merveilleuse ou alors très pénible ou « cela dépend des jours ». On peut souhaiter qu’elle se termine très vite parce qu’on en a marre d’attendre et de « supporter » ce gros ventre de plus en plus lourd et que l’on dort très mal la nuit. Ou alors être juste merveilleusement bien et épanouie et profiter de toutes ses journées avec ce petit être à l’intérieur grandissant. Les premiers coups de pieds, les premiers mouvements de cet Alien en nous, c’est magique ou pas. La chambre que l’on prépare en avance ou au dernier moment.
Pour moi, c’est tout cela une femme enceinte. J’ai été deux fois enceintes et les deux fois étaient complètement différentes.
Je suis tombée des nu quand j’ai découvert les « symptomes », les envies, la métamorphose de ma vie et de mon corps et l’accouchement. Ah bon c’est ça l’accouchement et les contractions? On ne m’en avait jamais parlé. Comme si c’était un peu tabou. Est cela ce que toutes les femmes vivent? Si toute l’humanité a toujours vécu cela depuis la nuit des temps et a survécu, moi aussi je vais être capable d’assumer ce chamboulement! Mais pour moi ce n’est pas une mince affaire. On ne s’en rend pas compte tant que l’on ne l’a pas été. «ce n’est pas une maladie » je n’aime pas trop cette expression toute faite. Comme toutes les expressions toute faite en général.
Oui. Ce n’est pas une maladie, c’est juste un film de science fiction. Avec un petit « alien » à l’intérieur.
Et c’est pour cela que j’aime les mettre en valeur.
Parce que moi aussi, j’aurai aimé avoir des souvenirs « photographiques » de ce moment où j’avais mon petit bonhomme et ma petite bonne femme à l’intérieur de moi plutôt qu’un photo floue, moche.
Et c’est pour tout cela que j’ai envie de mettre en valeur les femmes qui vivent pour « la bonne cause » ce changement et cette évolution dans leur vie.
Je souhaite que cela soit dans un style résolument urbain, qui corresponde à la ville où je suis et qui me corresponde. Et surtout qui corresponde à la femme actuelle.